EIOH + Selfish Cunt @Hoxton Square Bar & Kitchen

Émeute tranquille

Shoreditch. Bassin incontesté de la renaissance du mouvement post-punk à Londres. Un rassemblement mortuaire semble avoir lieu sous le toit-terrasse du populaire Hoxton Bar & Kitchen.

Minimalisme épileptique
Ce public guindé tout vêtu de noir réapparaît une fois entré dans la salle où sur la modeste scène, car peu profonde, les Electricity In Our Homes se préparent, éclairés par la projection de la couverture de leur nouveau single.
Gymnastics cover
À présent trio depuis le départ de leur précédent chanteur, Thomas, un géant chérubin, une inquiétude portant sur l’avenir du groupe rongeait ses amateurs. Sans présentation, les premiers riffs surprennent et les seconds exilent la stupeur. S’inspirant à la fois des débuts de la new-wave sombre et du rock’n'roll furieux des années 60, EIOH exécute de la discorde, selon leur propre qualification. Leurs voix se font échos dans une caricature de canon tandis que les cordes de la basse et de la guitare sont grattées nerveusement à une vitesse impressionnante. Définitivement rassuré, on peut apprécier les récentes compositions dont la future face A, Gymnastics et son entêtant refrain « bends my back » ainsi que la future face B, Motorbike, exemple de leur excellence au contre-rythme. S’il faut admettre que la batterie de Paul se fait moins expansive, sa triple cymbale dont la supérieure est fêlée continue de promettre un son claquant mais rauque. Sur Suit, on perçoit un sample de Cream, de quoi admirer leur comportement retenu. Leur air contrit est accentué par leur sobriété vestimentaire, grise et ancienne. Comme ils ont commencé, ils finissent soudainement dans le silence que brise rapidement une cohue ravie, éructant de joie.

Selfish Cunt

Fureur séductrice
Les rangs s’épaississent, convenablement exaltés pour accueillir Selfish Cunt. Quatre gentlemen, à la veille d’une tournée européenne menés par le charismatique Martin Tomlinson clairement adulé. Son chant rappelle immanquablement P.I.L de même pour les arrangements énergiques de leurs aïeuls, repris avec densité. Tenues humoristiques, le bassiste en sweat Spiderman et le vocalist arborant un ironique « Love Child » alors que l’évènement est réservé aux adultes autant pour l’alcool que pour les obscénités gestuelles. En tant que roi de la soirée, Martin ordonne de danser et punit les désobéissants à l’image de cette jeune fille immobile qu’il attrape par les cheveux et secoue violemment. Sa Majesté montre la voie, se cambrant à plusieurs reprises, avec ou sans l’aide de barreaux, faisant preuve d’une incroyable maîtrise de son corps et de sa sensualité. À un point tel qu’on ne saurait deviner si cela fût répété ou si cela tient du spontané. Ses trois loyaux sujets ne sont pas en reste bien qu’on puisse les croire statiques face à cette déferlante de mouvements. La sueur perle vite, la batteur à présent torse nu suffoque presque dans les rares pauses qu’accorde la transition entre deux chansons.

Selfish CuntSelfish Cunt

Laura Bush, sourire plastique plaqué sur le visage introduit la phase politique, révoltée du spectacle. Martin harangue la foule à la manière d’un pasteur, appelant les homosexuels dans la salle à être attentif au morceau suivant. Il invite une femme dont le nom se perd dans les clameurs à prendre sa place, nous projetant à l’époque du glam et du trouble des genres, elle qui révèle des aisselles poilues en plus d’une voix grave et féminine, puissante.

Selfish Cunt

L’écran devient bleu, contrastant sévèrement avec la lumière rougeoyante qui baigne le visage du démoniaque interprète. On retiendra en particulier l’hystérie communicative de England Made Me II ou Feel Like A Woman, d’un set absent de temps morts et qui dure au contraire des habitudes du milieu. Encore, il interpelle la masse qui a déjà envahi les planches et il la gratifie de remerciements « Thank you Liverpool », sans doute en référence au soulèvement populaire de Toxteth en 1981. Une folie ni douce ni furieuse mais non moins excitée s’empare de la salle tout entière, orgasme en ultime apothéose pour saluer le dernier titre. Les visages sont tordus par la satisfaction et la fatigue, prodiguant le sentiment d’avoir participé à une nuit historique.

Maéva T. Concert du 22 janvier 2009. Photos : Coralie.

One comment
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  1. Enfin un nouveau gros articllllle! Wipiiiiiiiiiiii!

    Très intéressant, chérie ;) Ça donne envie! La prochaine fois, moi aussi, je me mettrai la main dans mon pantalon. Ahem.

    Bon, maintenant : Fujiya&Miyagi^^

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